Interview du Président Jean Donnadieu
Dans l’interview parue dans le journal « Le Parisien » du 20 janvier 2007, vous déclariez « je ne suis pas optimiste ». Alors que NANTERRE occupe la seconde place de la Pro B, ces propos peuvent surprendre, non?
Concernant la seconde place, c’est à la fois la meilleure et la pire des choses : la meilleure, dans la mesure ou elle valorise le travail et la démarche d’un club très attaché à ses valeurs et son identité.
C’est également la pire des choses, car ce classement aussi surprenant et fragile soit-il, entretient l’illusion que tout va bien dans le meilleur des mondes et surtout, il masque les réalités du basket nanterrien et les préoccupations de ses dirigeants.
Mais qu’est-ce qui préoccupe tant les dirigeants ?
Tout simplement, l’avenir à court et moyen terme du basket local dans le championnat de France professionnel.
Et pour quelles raisons ?
En quelques mots, on peut dire qu’aujourd’hui, nos infrastructures et nos moyens ne répondent plus aux exigences de la Pro B, sachant que la situation ne va pas s’arranger avec la mise en place, dès 2009 de la « Super Ligue ».
Pourtant la ville de NANTERRE vous apporte un soutien conséquent et ce, depuis de nombreuses années ?
C’est exact ! en 1989, une convention visant à développer le basket local a été signée avec la ville, depuis, cet accord a été reconduit tous les trois ans.
Il est évident, que sans ce soutien financier, le basket nanterrien n’aurait jamais pu progresser comme il l’a fait au cours de ces dix huit dernières années, les dirigeants en sont pleinement conscients et reconnaissants.
Alors de quoi vous plaignez-vous ?
Aujourd’hui, la subvention de la ville représente 73 % de notre budget annuel et nous savons qu’elle n’est pas extensible à l’infini. Or, cette aide aussi importante soit-elle, ne suffit pas à boucler le budget d’un club de Pro B.
Il faudrait impérativement rééquilibrer les recettes de la ville et les recettes privées, en augmentant les produits sponsoring notamment.
Justement, parlons-en ! NANTERRE ville Préfecture, carrefour économique et administratif de la région Ile de France et son club qui réalise la plus petite recette sponsoring du basket professionnel, il y a un vrai problème ?
Oui, effectivement, il s’agit même d’un handicap très lourd, que notre club ne peut plus se permettre de supporter. Il y a véritablement urgence !
Les autres clubs de la région parisienne connaissent-ils les mêmes difficultés que NANTERRE ?
La recherche de partenaires privés est plus compliquée qu’en province, c’est sûr ! Néanmoins, des clubs comme le PBR en Pro A, LEVALLOIS en Pro B et même VANVES en Nationale 1, obtiennent de meilleurs résultats que NANTERRE. Alors forcément, ça nous interpelle.
Que comptez-vous faire pour améliorer cette situation ?
Depuis trois ans, nous faisons appel à une société de marketing spécialisée dans le milieu du basket. Or, pour différentes raisons, les résultats actuels ne sont pas à la hauteur de nos attentes et surtout de nos besoins. S’agit-il d’un problème local ?
Pour renverser la tendance, il va falloir rassembler toutes les compétences et les bonnes volontés susceptibles de nous aider à mettre en place une stratégie dynamique et efficace.
Vous semblez déterminé ?
Nous n’avons pas le choix, nous sommes condamnés à réussir.
Et les recettes de match ? Là aussi NANTERRE figure au dernier rang de la Pro B, alors que les spectateurs n’ont jamais été aussi nombreux à venir au Palais des Sports.
Nous pratiquons les tarifs les plus bas du championnat professionnel (3 et 5 €), et pourtant sur une moyenne de 1 200 spectateurs, à peine 300 payent leur place.
Notre public est fidèle et enthousiaste, il s’identifie vraiment à son équipe. Mais il faut que les supporters comprennent que le basket local ne peut pas vivre sans un minimum d’efforts de leur part. De ce point de vue, nous devons prendre exemple sur les publics de province.
Lorsque vous parlez de budget, s’agit-il de celui de l’équipe professionnelle uniquement ?
Non, le budget prend en compte, tous les secteurs du club.
Que représentent plus précisément ces secteurs ?
345 licenciés, 15 équipes dont deux évoluent au niveau National (minimes et cadets), trois au niveau Régional et onze au niveau Départemental, une école de mini-basket et l’activité « loisirs ».
L’encadrement technique est assuré par une équipe de quinze éducateurs, la gestion administrative, par deux salariés (dont un à mi-temps), sans oublier la quarantaine de bénévoles qui s’investissent tout au long de l’année.
Est-ce que les budgets annoncés par les autres clubs de Pro B, intègrent aussi le secteur Amateur ?
Non, pas tous et c’est un peu dommage, dans la mesure où nous devrions pouvoir comparer les budgets sur des critères identiques. Le contrôle de gestion de la L.N.B. en a conscience et va certainement prendre les dispositions nécessaires.
Il y a quelques instants, vous évoquiez l’aide de la ville, le club reçoit-il d’autres subventions publiques ?
Oui, nous en recevons du Conseil Général des Hauts de Seine et de la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports, (représentant respectivement 6 % et 0,5 % de notre budget), mais jusqu’à présent, rien du Conseil Régional d’Ile de France.
Nous regrettons que ces aides ne soient pas en rapport avec le bilan sportif et social de notre association, mais il s’agit là d’un autre débat.
Hormis l’aspect purement financier, quelles sont les toutes premières priorités du basket nanterrien ?
Sans préjuger des obligations de la future Super Ligue, nos priorités actuelles vont vers l’amélioration des infrastructures (espace et accueil V.I.P., du Palais des Sports notamment), et la création d’un poste de manager général (actuellement, cette lourde charge est assurée par un dirigeant bénévole).
Dans l’article du Parisien, il est question d’un Audit, qu’en est-il exactement ?
Il y a plus de deux ans, la L.N.B. avait demandé aux clubs candidats à la Super Ligue de se faire auditer. A l’époque, cela n’a pas été possible pour la J.S.F.N. / E.S.N.
Depuis, la ville de NANTERRE a souhaité lancer son propre audit, celui-ci devrait débuter très prochainement et servira à définir les orientations et objectifs du basket local en connaissance de causes.
Ce même journal fait également état d’un grand club dans les Hauts de Seine, quelle est votre position sur le sujet ?
Actuellement, nos préoccupations sont très éloignées de ce projet, aussi respectable soit-il. En effet, nous en sommes à chercher les moyens qui permettraient au basket nanterrien d’exister durablement en Pro B. Comme vous pouvez le constater, nos objectifs se situent à un tout autre niveau.
Manquez-vous d’ambition ?
Non, l’ambition nous l’avons, mais pour un projet associatif qui correspond à nos valeurs, à notre identité et au tissu social de notre ville. Nous savons d’où on vient, c’est-à-dire de très bas .
C’est pourquoi, nous souhaitons avant tout, pérenniser le club en portant nos efforts sur les infrastructures, les ressources internes, la communication et bien sûr la formation.
Votre dernier mot ?
Cela fait près de vingt ans que le basket fait rêver les nanterriens, or, si nous n’y prenons pas garde, le rêve pourrait bien se transformer en cauchemar, comme ce fût le cas, au cours de ces dernières années pour plusieurs clubs franciliens.
Si nous ne voulons pas subir le même sort, nous devons réagir tous ensemble et à tous les niveaux de la ville, supporters y compris.
C’est à cette condition, que le basket nanterrien pourra écrire de nouvelles pages de sa belle histoire.L’article paru dans le Parisien du 20 janvier 2007, a suscité certaines interrogations, voire quelques inquiétudes parmi les nombreux supporters et sympathisants que compte le basket nanterrien.
Aussi, nous avons demandé à Jean DONNADIEU de bien vouloir répondre à nos questions.